A mille kilomètres au large des côtes équatoriennes, l’archipel volcanique des Galapagos abrite un bestiaire fantastique et une flore étonnante. Une des merveilles naturelles de la planète
Reptiles griffus à l’échine hérissée d’écailles qui se prélassent sur des rochers de lave noire, tortues géantes sans âge qui vont nonchalamment d’une pâture à l’autre et nuées d’oiseaux dont plusieurs espèces très rares, les animaux qui prospèrent ici n’ont aucune crainte de l’homme et se laissent observer dans des conditions uniques.
Ces îles paradisiaques d’origine volcanique surgies des flots du Pacifique sont situées sur l’équateur. Elles ont été découvertes en 1535 par les Espagnols, qui les ont baptisées Las Encantadas, les îles enchantées. Et c’est bien vrai que le monde animal et végétal qui peuple ce groupe d’îles isolées, appartenant depuis 1832 à l’Equateur, est enchanteur et surtout unique.
Le célèbre naturaliste anglais Charles Darwin l’a remarqué en 1835 déjà, à son arrivée aux Galapagos à bord du Beagle, un navire d’expédition scientifique. Il y a trouvé la confirmation de ses idées suivant lesquelles les animaux et les plantes qui vivent isolés de leurs congénères pendant des millions d’années évoluent de manière autonome, donnant naissance à des espèces endémiques. Ses observations et ses réflexions l’ont conduit à formuler sa théorie de l’évolution.
Tous les animaux et les plantes que Darwin a trouvés en 1835 sur les îles Galapagos descendaient d’espèces y ayant été amenées depuis l’Amérique du Sud par les courants marins et le vent, des millions d’années auparavant. En s’adaptant à l’environnement et à l’alimentation locale disponible, ces animaux et ces plantes ont graduellement évolué en de nouvelles espèces du même genre.
Ainsi, les iguanes, originellement habitués à vivre dans un environnement quasi désertique et sec, sont devenus marins aux Galapagos, où ils plongent dans la mer à la recherche des algues dont ils se nourrissent.
N’ayant pas de prédateurs sur les îles, les tortues arrivées aux Galapagos des millions d’années auparavant ont prospéré et grandi, se transformant en tortues géantes que nous connaissons aujourd’hui.
Une seule espèce de pinsons a donné naissance à treize différentes sortes. Des cormorans inaptes au vol, des manchots et des otaries à fourrure vivent aussi sur les îles, tandis que des poissons et des invertébrés, inconnus ailleurs, peuplent les eaux qui les baignent.
L’arrivée de l’homme sur l’archipel des Galapagos a commencé à menacer l’équilibre fragile de cet écosystème unique au monde. Au XIXe siècle, les baleiniers et les chasseurs de phoques ont presque exterminé les tortues locales. Et d’innombrables otaries à fourrure ont aussi été leur proie.
Après les baleiniers et les chasseurs de phoques sont arrivés les colons, introduisant vaches, chèvres, ânes, chevaux, chiens, chats et rats sur les quatre îles principales.
Ces animaux importés représentent le danger le plus grave, car ils se nourrissent des mêmes aliments que les espèces endémiques, occupent le même espace vital qu’elles et dévorent les œufs des reptiles et des oiseaux ainsi que leurs jeunes.
Malgré des communications peu aisées – les îles ne sont désormais plus atteignables que par avion depuis Quito ou Guayaquil – et des taxes d’entrée élevées pour accéder à ce paradis naturel, le nombre de touristes ne cesse de croître. L’an dernier, soixante mille amateurs de nature ont visité les îles.
La flottille des bateaux d’excursion ancrée dans le port de Puerto Ayora, sur l’île de Santa Cruz, témoigne de la vigueur de ce développement et du bien-être croissant des insulaires.
Néanmoins, un trajet en bateau à destination des différentes îles est tout sauf une croisière confortable: chaque fois, avant de débarquer, il faut monter à bord de petites embarcations nommées pangas aux Galapagos.
Le plus souvent, on franchira en pataugeant les derniers mètres qui séparent de la rive. Et les marches à pied, sous un soleil équatorial brûlant, sur des chemins parfois pentus et glissants ou sur des morceaux de lave coupants, supposent une bonne forme physique.
De façon saisissante, les animaux n’ont pas (encore) peur des humains. Ainsi, de jeunes otaries qui se dandinent sur la plage sur laquelle se reposent des touristes après une promenade astreignante reniflent sans se gêner les linges de bain et les sacs déposés à même le sable.
Ces mammifères joueurs paraissent tout particulièrement intéressés par les nageurs équipés de tubas: ils les entourent et, de temps à autre, un sujet jeune plus culotté que les autres vient toucher l’intrus du nez.
Les iguanes se considèrent comme les seigneurs de l’île: pendant qu’ils digèrent, ces petits dragons recherchent la chaleur du soleil. Ils n’hésitent pas à se coucher au beau milieu des chemins, ce qui oblige les touristes à enjamber les animaux ou à les contourner.
Ce qui fait tout le charme d’un voyage dans le paradis équatorial des Galapagos, c’est cette absence de timidité des animaux lorsqu’ils sont confrontés à l’homme.