Le Costa Rica, pays d’Amérique Centrale devenu le lieu de villégiature favori des “gringos” et autres européens en quête d’une nature encore pure. Outre sécurité et confort, essentiellement dus à la rapide croissance du tourisme, ce pays offre une telle diversité qu’il est impossible de rester insensible. Ici, l’étranger n’a pas assez de ses yeux pour voir, assez de ses oreilles pour écouter tant l’opulence des décors qui s’offrent à lui est grande.
San José, capitale du Costa Rica, s’éveille avec le soleil. Il est 6h30 du matin et déjà des odeurs de riz et de viande plânent dans l’air pollué. Partout, les gens se pressent sur les étroits trottoirs escarpés, des vendeurs de légumes et autres produits à l’air fatigué s’époumonent, un réveil bien difficile pour l’aventurier encore sous le coup du décalage horaire. Les “tiendas” roses ou jaunes se succèdent a un rythme éffréné le long du trottoir, certaines plus avenantes que d’autres. Le riz semble constituer la base de chaque repas ici, le “gallo pinto” (mélange de riz et de haricots rouges) et le “casado” (mêmes ingrédients mais avec de la viande) paraissent incontournables. Les mangeurs de frites doivent donc se faire une raison ! Les rues s’étendent à perte de vue, toutes plus colorées les unes que les autres; après une longue marche au coude à coude avec les locaux, un parc verdoyant émerge de nulle part. Il semble bien solitaire au milieu de cette large rue frénétique. Sans prêter attention, je m’engage dans d’étroites ruelles où la vie semble s’être arrêtée. Les gens sont assis par terre, immobiles, leur regard est vide, leur mine maussade. Plus loin, une nouvelle avenue, les couleurs criardes réapparaissent, la vie reprend son cours. En long, en large et en travers, je parcoure les rues de la capitale qui hormis quelques bâtiments à l’architecture particulière, ne me laissera pas un souvenir impérissable. Traverser San José armée d’un sac-à-dos relève presque de l’exploit. Partout, les étroits trottoirs débordent de gens pressés, déterminés à conserver leur place durement acquise. Marcher au milieu de la route semble normal, tout au moins est-ce efficace. Après avoir durement lutté et longuement marché, je parviens enfin à station de bus; une petite place entourées de “sodas” (cafés peu onéreux où se vendent toute sorte de snacks) où règne une frénésie hors du commun au milieu des effluves de nourriture et d’essence. L’endroit n’inspire guère confiance. On se sent observé, escorté du regard à chaque pas, ici le vol est loi ! Des heures d’attente en perspective…. Lasse, je confie mes biens aux bons soins d’un gardien, contre paiement cela va de soi. Les heures passent lentement, la chaleur est torride… enfin, le bus arrive, direction Jaco, sur la côte Pacifique. Un nouveau paiement s’impose, le travail du gardien comporte deux parties, la garde et la remise, à vos portefeuilles !
Alors que la malodorante et frénétique capitale s’éloigne peu à peu, des paysages teintés de vert et d’ocre se dessinent. Des vallées touffues desquelles émergent des arbres immenses, des fleurs colorées succèdent aux palmeraies, champs de riz et vergers. Au creux de la vallée, une rivière s’écoule doucement, quelques kilomètres plus loin, un étang abrite une famille de crocodiles. Tel un enfant, je n’ai de cesse d’observer, ne voulant rien manquer de ce spectacle magnifique. Chutes de pluie et rayons de soleil jouent au chat et à la souris, en quelques minutes, le ciel passe du gris au bleu. Soudain, l’immensité de l’océan apparaît. Il semble n’avoir ni début ni fin. Des vagues immenses s’élèvent pour s’écraser dans un doux fracas. L’océan et la forêt luxuriante se font face, l’homme paraît bien petit. Les kilomètres défilent au travers de la forêt, le long de l’océan, sans qu’une seule maison ni âme qui vive ne soit aperçue. De temps à autres, cependant, une précaire habitation de bois et de tôle s’élève sur le flanc d’une colline… la vie doit y être douce. Sans crainte aucune, le chauffeur du bus s’engage sur des ponts précaires où les planches sont parfois manquantes, prend des chemins de terre boueux, traverse des rivières, s’y reprend à trois fois pour monter une côte…Elles sont bien loin nos routes éclairées et bien dessinées ! Il n’est pas rare de voir le bus s’arrêter en rase campagne et le conducteur se voir remettre un sac de fruits qu’il remmettra à son tour quelques kilomètres plus loin. Ici, le chauffeur de bus fait office de coursier et de facteur entre les quelques rares habitants éparpillés.
Jaco, ville du surf et de la fête. Comme la majorité des “villes” dans ce pays, Jaco n’a de cité que le renom. Une seule et unique rue le long de laquelle se succèdent magasins, hôtels, banques et bars. Au volant de véhicules tout-terrain antiques, les Ticos traversent la ville à vive allure soulevant des nuages de poussière. Le village ne présent guère d’attrait pour tout qui ne dédie pas son temps au surf. Ici, les résidus volcaniques inondent encore les plages pour la plupart composées de sable noir collant. Eau chaude, matelat douillet et intimité sont étrangers au “budget traveler” que je suis. C’est donc dans une prison sans fenêtre que je partage ma première nuit avec 3 étrangers. Bien que manquant cruellement de confort, ce nouveau mode vie me permet d’aller à la rencontre de nouvelles personnes, de partager des expériences et d’envisager le monde sous un autre angle. Les Costa Ricains, pour la plupart, sont relativement pauvres mais extrêmement généreux. Les nombreuses années de stabilité politique et la dissolution de l’armée en ont fait un peuple tranquille où les valeurs telles que liberté et paix sont cruciales. Le Costa Ricain heureux a un simple toit, quelques fruits à manger, et beaucoup d’amour à donner.
Nouvelle étape, Quepos, petite ville plus au sud sur la côte Pacifique. Dans le bus, je me délecte à nouveau de ces paysages teintés de mille couleurs. Crocodiles, parresseux, perroquets jalonnent également le parcours. Quepos tient plus d’une petit ville, selon les standards Costa Ricains… Quelques rues abritant quantité d’hôtels, de bars et de restaurants… L’océan est à quelques mètres mais comme dans la plupart des villes de la côte les baignades sont interdites car les vagues et les courants sont trop forts… un paradis pour les surfers. Nouvelle étape, nouvel “hôtel”, quelques visites s’imposent… Finalement, la cour intérieure à ciel ouvert regorgeant de fleurs et de plantes en tout genre d’un petit “hôtel” familial me séduira ainsi que mon maigre budget. Les changements incessants de temps ne seyent malheureusement pas aux fragiles étrangers que nous sommes… c’est dans un lit que je passerai mes trois premiers jours à Quepos. Charmant, comme tout Costa Ricain, le propriétaires de l’hôtel ne manquera pas de m’apporter le “rhum”, à ses yeux, salvateur, pour ma santé, inefficace. C’est donc, à regret, qu’il m’a fallu goûter aux plaisirs de la médecine Costa Ricaine…
Manuel Antonio, le plus petit et le plus célèbre des parcs nationaux du pays. C’est, à nouveau en bus, que l’on se rend vers ce coin de paradis. La côte pacifique arbore fièrement ses plages de sable noir tandis que la forêt sourit de ses centaines d’arbres et de fleurs. Le bus peine dans les chemins escarpés et pentus, parfois il recule. A l’entrée du parc, une toile d’araignée gigantesque, en son centre une reine aux pattes énormes s’applique à la tâche. Quelques mètres plus loin, un parresseux pandouille tranquillement ne semblant nullement se préoccuper de notre présence. Partout, des oiseaux, des singes, des perroquets. Les pluies abondantes à cette saison ont rendu les sentiers glissants et parfois infranchissables. Au croisement de deux sentiers, un doux ronflement familier. Un spectacle éblouissant. Une page de sable fin et blanc longe la forêt. Après une longue marche, une petite relaxation s’impose. Allongée sur le doux sable, je me sens gagnée par le sommeil… un bruit curieux me ramène à la vie. A quelques centimètres de moi, un animal vert me regarde, c’est un iguane. Ici, l’homme et la nature vivent en parfaite harmonie. La marche reprend; d’autres arbres, d’autres fleurs, d’autres animaux…
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Puerto Jimenez, petit port situé sur la Péninsule de Osa, à l’extrême sud du pays, un endroit très difficile d’accès, particulièrement à cette saison. Les rivières débordent, les arbres coupent les routes, mais qu’importe, les bus Costa Ricains passent partout. Huit heures dans un bus très inconfortable seront nécessaire pour parvenir à cette nouvelle étape. Ce petit port est le dernier village, en tant que tel, avant le parc national de Corcovado, la véritable forêt tropicale. Une fois de plus, la gentillesse et la bonté des habitants me surprend. A cette saison, l’accompagnement par un guide semble incontournable car le lieu est gigantesque, les accidents fréquents. C’est dans une “voiture-bus-tracteur” que l’aventurier se rend dans l’une des parties les plus isolées du pays. Vaches bossues, poules, animaux à poils et à plumes de toute sorte ne se privent, bien entendu, pas de circuler également. A mesure que nous nous enfonçons dans les bois, la ressemblance avec un chemin boueux s’efface. Devant, une rivière infranchissable. Le “moyen de locomotion au nom, de moi, inconnu” s’arrête. Nous attendons un tracteur. Patience, patience… enfin l’engin salvateur se présente et nous tracte jusqu’à l’autre rive. Nous sommes au Costa Rica, les portes du bus sont restées ouvertes et nos pieds et nos affaires trempent désormais dans un liquide brunâtre et malodorant ! Deux heures de trajet dans ces conditions, une véritable aventure, essentiellement pour la partie postérieure de l’européenne que je suis. Après une courte marche sur la plage, sur une petite colline, se dressent quelques huttes, une vingtaine de tentes, des palmiers, des fleurs et des plantes vivaces, des arbres fruitiers… Nous pénétrons dans l’enceinte du campement, c’est magique. Devant nous, l’océan, derrière la luxuriante et profonde jungle, au milieu un campement au goût de paradis. Ici, le bruit n’existe pas; seuls gazouillements et autres cris d’animaux troublent la douce musique du roulement de l’océan. Sans tarder, nous posons nos affaires et partons. Quel spectacle! Des gorilles, des singes-araignées, des singes à tête blanche, des écureuils, des iguanes, des serpents, des fruits, des feuilles, des fleurs et…le silence. Au détour d’une montée, une vue imprenable de l’océan au milieu de la jungle. Sans mot dire, nous dévorons chaque image de ce spectacle unique…