Sur les traces de «Crocodile Dundee»
Paysages grandioses, animaux rares et vestiges culturels attendent le visiteur du parc national australien de Kakadu
Tels des gratte-ciel en miniature, des termitières pouvant atteindre six mètres de hauteur se dressent en pleine savane. Des nuées de perroquets caquetants survolent des bosquets d’eucalyptus. Dans les cours d’eau sommeillent des crocodiles, que les Australiens se contentent paresseusement de nommer «crocs».
Situé à 220 kilomètres à l’est de Darwin, à l’extrémité nord du «cinquième continent», le parc national de Kakadu s’étend sur 19 700 kilomètres carrés, une superficie égale environ à la moitié de celle de la Suisse. C’est le plus grand parc sur terre ferme du pays. Explorateur et naturaliste allemand, Ludwig Leichhardt fut le premier homme blanc à s’aventurer, en 1845, dans les steppes, les forêts tropicales et les gorges de ce territoire.
Cent quarante et un ans plus tard, on y tournait les scènes clés du succès cinématographique Crocodile Dundee, dans lequel Paul Hogan interprète le rôle principal. L’aventure fit une publicité gratuite dans le monde entier pour le parc national de Kakadu.
Paradis pour les animaux
Plus de 200 000 touristes le visitent annuellement, que ce soit en car, en voiture, en véhicule tout-terrain, en canot à moteur ou même à pied. Ils logent dans des camps, des lodges ou au surprenant hôtel «Gagadju Crocodile», un édifice de béton et d’acier arborant la forme d’un gigantesque crocodile de deux cent cinquante mètres de long, dont les quatre «pattes» servent de cages d’escaliers, les flancs abritent cent dix chambres et la queue renferme les cuisines, les bureaux et les entrepôts.
Recelant 960 variétés végétales, 275 espèces d’oiseaux et 57 de reptiles, sans compter des marsupiaux rares, tels des phascogales, des phalangers volants et des dasyures tachetés nains, le parc est un paradis pour les amoureux de la nature et des animaux. Les visiteurs peuvent aussi y admirer une chute d’eau haute de 200 mètres, au nom peu commun de Jim Jim, survoler le paysage sauvage pendant trente minutes à bord de petits avions affrétés spécialement pour ces flightsafaris et participer à une mini-croisière sur les méandres de la rivière Alligator.
Un trésor pour l’humanité
Le parc de Kakadu ne doit pas son nom à un oiseau, mais au clan aborigène Gagadju. Les premiers habitants de l’Australie, les Aborigènes (du latin ab origine, dès l’origine) sont arrivés d’Asie, il y a 50 000 ans environ. Ils vivaient de la chasse, qu’ils pratiquaient avec des lances et des boomerangs, et ornaient de peintures les parois des grottes et les rochers qui les abritaient.
Nulle part ailleurs au monde il n’existe autant de peintures rupestres qu’au parc de Kakadu, où l’on en a découvert officiellement 3500. Ces fresques représentent des dieux, des animaux et des légendes. Les Aborigènes ont aussi immortalisé leur première rencontre, voilà cent cinquante ans, avec les Blancs, qu’ils montrent chaussés de bottes, tenant des pipes et munis de fusils.
Les peintures rupestres sont des documents d’art exceptionnels, dont certains, vieux de 3500 ans, sont parmi les plus anciens de l’humanité. Jalonnées de panneaux explicatifs remarquablement conçus, les deux «galeries de plein air» les plus impressionnantes, que l’on visite sans effort à pied, s’appellent Ubirr et Nourlangie.
Il n’est pas surprenant que le parc national de Kakadu ait été inscrit par l’Unesco sur la liste du patrimoine culturel mondial à sauvegarder. Sa visite est un must, malgré les myriades de moustiques qui s’abattent sans pitié sur tout centimètre carré de peau non protégée…