Salvador de Bahia

Sur la côte atlantique du Brésil, Salvador de Bahia entraîne les visiteurs dans un monde magique

Samedi, Salvador de Bahia: une pluie torrentielle s’abat sur les gros pavés inégaux. C’est exceptionnel. Les parapluies sont d’ailleurs mal vus sur la côte atlantique brésilienne. Les vendeurs de boissons poussent en hâte leurs chariots vers un abri de fortune, les danseurs de capoeira et les touristes courent se réfugier sous un porche, car dans quelques instants le soleil reviendra.

Salvador de Bahia

La ville où des arbres poussent même sur le clocher des églises fut jadis la capitale du Brésil. Amerigo Vespucci accosta sur la presqu’île le jour de la Toussaint de 1501. Dès lors, la vaste baie fut baptisée Baía de Todos os Santos, baie de Tous les Saints.

Dans un bistrot, je fais la connaissance de Sergio, ancien danseur de ballet. A 35 ans, il suit un apprentissage d’orfèvre. Il me parle de ses racines indiennes, africaines et portugaises. Soudain, il me propose un tour «magique» de la ville. Qui pourrait résister à une offre pareille?

Salvador de Bahia: Roulement de tambours

Salvador

Nous déambulons dans la ville haute, reliée par des rues en pente et des ascenseurs à la ville basse sise en bord de mer. Par chance, le marteau-piqueur des adeptes de la modernisation n’y a pas encore fait son œuvre. Au contraire, de nombreux ouvrages de style colonial ont été rénovés avec soin, et l’Unesco a inscrit le centre historique de la ville au patrimoine culturel de l’humanité.

Haut en couleur, le quartier du Pelourinho vibre au rythme des tambours. Les «fils de Gandhi», parmi lesquels on trouve aussi des filles, se réunissent dans un local. Revêtus de t-shirts blancs à impressions bleues, ils font partie de l’un des groupes de carnaval les plus connus. A l’instar de Gandhi, ils réprouvent la violence et la drogue.

Noir et blanc

Tandis que le groupe de carnaval se distrait au loto, son mentor Clyde Morgan, chorégraphe new-yorkais, se remémore les ruses auxquelles les esclaves d’antan ont dû recourir: «Ils devaient cacher leur héritage africain, et c’est ainsi qu’est né un art du camouflage et de l’ambiguïté. La capoeira, jeu artistique qui se joue sur les plages et les places, est-elle une danse ou une forme d’art martial? Les deux, naturellement, et ce n’est pas un hasard si elle a été interdite pendant longtemps.»

Nous grimpons ensuite vers l’une des plus belles places de la cité. Sergio me désigne une église bleue: «L’église des esclaves, qui la construisaient de nuit, car ils devaient servir la journée», déclare-t-il. Des statues de saints noirs et blancs ornent son intérieur d’une grande sobriété. Qui préfère la splendeur baroque ne manquera pas de visiter l’église de Saint-François, resplendissante d’or. Mais chacun sera fasciné par la coutume bahianaise consistant à nettoyer les escaliers de l’église Bonfim à l’eau parfumée.

Danse et transe

L’appel de l’Afrique, le point fort de ma visite magique avec Sergio, est encore à venir. Le soir, nous nous rendons en taxi dans un quartier simple. A l’intérieur d’une maison, les tambours sont prêts pour une cérémonie rituelle du candomblé.

Les invités, parmi lesquels un petit nombre de touristes, tentent de s’approprier l’une des rares chaises disponibles, mais un maître de cérémonie en robe ondoyante leur murmure qu’il ne s’agit pas d’assister confortablement assis à un spectacle. Il dirige les hommes à gauche et les femmes à droite. Il est interdit de photographier.

Photos Salvador de Bahia

Plage Salvador de Bahia

Des femmes entre 30 et 60 ans font onduler leur lourde robe blanche en l’honneur de la déesse de la mer Iemanjá et d’autres divinités. Elles exécutent une danse lente en zigzaguant. Au bout d’une heure, des perles de sueur couvrent leur visage. Au bout de deux heures, des danseuses montrent les premiers signes de transe – les âmes des ancêtres, les orixás, ont pris possession de leur corps pour venir sur terre et prêter assistance aux humains.

«C’était censé être une transe?» demande, incrédule, un congressiste anglais. Irrité, Sergio lui répond: «N’avez-vous pas vu les habitants se prosterner avec vénération? Ce n’est pas un show!»

Officiellement, Salvador compte huit cents lieux de culte candomblé. «Je n’assiste généralement à un candomblé que lorsque je dois résoudre un problème personnel», déclare Sergio, le catholique. Puis il frappe dans ses mains: «La nuit n’est pas terminée. Allons faire la fête!» En portugais, la joie se dit alegría, un mot que chacun devrait connaître.

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