Images de la forêt amazonienne

Un périple dans la forêt amazonienne est une aventure d’un genre très particulier

Le ronron régulier des réacteurs du Jumbo est rassurant. Bien calés et détendus dans nos sièges, nous volons de São Paolo en direction de Manaus. Une aventure prometteuse nous attend: nous allons bientôt pouvoir lever le voile sur une minuscule partie du «mythe Amazone».

 

 

Vivre cela de tout près, à fleur de peau. Au-dessous de nous s’étend à perte de vue le vert profond de la forêt tropicale. Le tapis est sillonné de lignes brun-rouge, les unes serpentant tandis que les autres sont tracées au cordeau. Les premières sont des cours d’eau et les secondes des pistes.

Soudain, d’immenses nuages noirs s’amoncellent devant nous: nous voilà pris au piège d’un violent orage tropical. Tel un jouet, le Jumbo est vigoureusement secoué par les éléments. Habilement, le pilote amorce une longue descente ponctuée de plusieurs trous d’air. Mais finalement tout se passe bien. Nous atterrissons à Manaus sous des trombes d’eau.

Pour nous, pas de répit, le voyage se poursuivant sur un petit ferry. Nous ne cessons de nous étonner: à Manaus, le rio Negro et le rio Solimões se rejoignent, le premier roulant des eaux noires pauvres et le second des eaux blanches riches en sédiments. Incroyable: les deux courants ne se mélangent pas tout de suite, le ferry avance en pétaradant sur des eaux jaunâtres, puis couleur thé.

Transbordement dans des voitures particulières, puis trajet cahoteux sur des pistes délavées et glissantes que ponctuent des nids-de-poule. Pour franchir une distance de soixante kilomètres à vol d’oiseau, il nous faudra plus de trois heures. Au terme du voyage, nous glissons avec un bateau rapide sur un bras secondaire sinueux de l’Amazone. Etant en hiver, donc en période d’étiage, nous pouvons admirer les étranges silhouettes brun-noir d’arbres morts émergeant de l’eau.

Des petits bancs de brouillard traînent à la surface parfaitement lisse des eaux et des rayons de soleil rouges percent les frondaisons de la forêt vierge lorsque nous découvrons, après un dernier méandre, notre campement. L’Amazon Lodge est située au fond d’une anse pittoresque et libre de moustiques du lac Mamori.

La forêt amazonienne recèle bien des secrets, et pas seulement pour les néophytes. Heureusement que nous avons Max Maia, notre guide indien. Il répond à toutes nos questions et essaie de nous expliquer patiemment le délicat équilibre écologique eau-forêt, avec ses différentes zones de végétation.

Des heures durant, nous suivons notre guide à travers la jungle, trébuchant dans la chaleur humide et étouffante. Il nous apprend au passage le rôle joué par les semences, lianes, fleurs, noix, champignons ainsi que les arbres et leurs immenses racines, les fourmis et autres petits animaux.

A l’aide de sa machette, indispensable instrument de travail, il ne se contente pas de nous frayer un chemin à travers les broussailles; il coupe des feuilles de palmier pour les transformer en un tour de main en éventails, corbeilles, petits sifflets, colliers et bracelets.

Une seule fois, Max s’est fâché: lorsque nous lui avons parlé des coupes rases dans la forêt tropicale avec leurs conséquences dramatiques pour le poumon vert de la planète. «Si les populations indiennes créent de petites parcelles par brûlis afin de cultiver le manioc dont il ont besoin pour vivre, ce n’est pas si grave», explique-t-il sur le ton de la conviction.

En revanche, quand de grandes entreprises japonaises ou malaisiennes mettent en action des bulldozers pour réaliser des coupes rases sur des kilomètres de largeur, c’est très inquiétant. Le gouvernement a néanmoins la situation bien en main, les défrichements sauvages ayant considérablement diminué ces deux dernières années. «Le Brésil n’est tout de même pas responsable pour la terre entière», estime notre guide indigné.

Pour souligner ses propos, il nous conduit aussitôt dans une famille indienne qui habite sur les rives d’un bras voisin. Une hutte modeste sur pilotis, des poules qui caquètent, quelques adolescents et enfants affairés, sous un toit, à séparer des racines de manioc. Rien d’autre à voir. Le champ où la famille récolte son manioc est de vraiment petite taille, mais suffit à couvrir les besoins vitaux. Après deux ou trois ans, le sol est épuisé, la forêt vierge reprend ses droits tandis que la famille doit se mettre en quête d’une nouvelle parcelle.

Entre les excursions éprouvantes, nous avons le temps de nous reposer dans les hamacs, de barboter dans les eaux chaudes ou tout simplement nous laisser pénétrer de la paix des lieux. Le retour à la civilisation du bruit nous est pénible.

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